21.10.10

cogito

Elle est là avec son enfant face au professeur, cet être "supérieur", cet être qu'elle a tant hai durant toute sa jeunesse.

elle se sent petite, confuse, comme si c'était elle à nouveau qui était "jugé", comme si elle allait prendre encore des heures de colle, comme si c'était elle à nouveau qui allait recevoir ce flot de remarques négatives, sous le regard dépité de ses parents...

Elle ne tendra pas la main qu'elle a de trop moite, tout juste un bonsoir murmurer, la voix nasillarde, le regard au sol... Elle s'assoit, camoufle sa bouche derrière sa main, regarde le tableau pour ne pas croiser le regard de ce prof, n'a pas de questions pour abréger la conversation, pour ne pas avoir à discuter, pour ne pas montrer que non elle ne peut pas aider son enfant parce qu'elle ne sait pas, n'a pas les compétences intellectuelles, parce qu'elle se sent démunie.

Elle a honte d'elle même, honte d'être cette personne... devant ce professeur, devant son enfant qui n'attend pourtant que soutien, motivation, encouragements.

Elle verra 3 professeurs sur les 8, parce que c'est trop, parce qu'elle ne peut pas supporter davantage, parce qu'entendre encore inlassablement ce qu'elle a entendu toute son enfance va la détruire, parce qu'elle culpabilise d'avoir transmis ça à son enfant, parce qu'elle se sent dans l'impasse, le dos au mur et qu'elle se hait, les yeux au bord des larmes, n'osant même pas regarder sa fille, tant elle ne sait quoi dire quoi faire...

Quitter ce lieu qu'elle a tant détesté, ce lieu source de mal être... s'échapper !!!

Hurler dans la voiture après son enfant... En colère contre elle, mais faisant payer cela à sa fille, voulant la bousculer, la secouer pour qu'elle ne reproduise pas son schéma minable, pour qu'elle arrive à s'affirmer, pour qu'elle ose être, pour qu'elle ne se laisse pas couler, pour qu'elle trouve "sa" voie(x)...

Parce qu'elle, elle a tout planté avant d'y parvenir.

Elle fanfaronne parfois là dessus, sur ces années d'études merdiques, jouant l'ado rebelle qui se foutait de tout... pour cacher qu'elle n'avait pas la possibilité de suivre une scolarité correcte, même pas excellente, juste correcte. Parce que voilà, on est inégaux devant l'intelligence, devant la faculté d'apprentissage, et puis parce qu'elle n'a jamais osé dépasser ça non plus, parce qu'elle a peur de l'échec toujours... et que la meilleure façon de ne pas se tromper, c'est de ne rien faire !
Parce qu'elle sait que sa fille est, sera mieux qu'elle... parce qu'elle a cet espoir qu'elle ne souffrira pas la même honte, le même désarroi, la même impuissance qu'elle, parce qu'elle refuse catégoriquement ça, parce qu'elle ne la laissera pas passer à côté de sa chance...

Rentrer

Remplir son vide, sa honte, son mal être... encore et toujours de la pire manière, jusqu'à l'épuisement, cet épuisement qui ne la fera pas dormir, juste cogiter...